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Un an et demi plus tard, le 1er janvier 1896, naissait une fille, Augusta Jeanne. Je ne fus baptisée que le 28 janvier car il faisait très froid et nos parents ne voulaient pas risquer de perdre un autre bébé. Mon père se consolait de la perte de son fils en disant : "elle remplacera notre petit Victorien"; il est vrai que j'étais encore plus forte que lui, comme en témoigne mon premier "forfait" à l'âge de deux ans. Maman m'avait acheté un joli chapelet bleu pour m'aider à prier, mais au lieu de le réciter pieusement, je me mis à le casser en miettes. Je ne me rappelle pas ce que fit alors maman, mais je dus subir une belle raclée. Quel pauvre avenir cela laissait-il entrevoir !. Encore une autre épreuve; malgré les bons soins mais peut-être à cause d'une nourriture trop abondante, je ne marchais toujours pas à l'âge de vingt huit mois. On me bourrait de châtaignes et j'en mangeais trop, ce qui me fit beaucoup grossir; quel poids énorme pour notre maman fatiguée, qui avait alors deux enfants à porter, un à chaque bras. En effet Henri, le troisième enfant, était venu au monde le 19 juin 1898; il était plutôt chétif mais maman le guérit "des vers" avec de l'alcool de menthe et des décoctions d'herbes médicinales. Plus tard il devint assez robuste et grandit sans grande difficulté; il aimait passionnément le travail manuel et moins les études. J'étais contente de jouer avec lui et notre Joseph, l'enfant de l'assistance que nos parents élevèrent jusque l'âge de onze ans. Quand Joseph partit je le regrettai beaucoup car il était d'un bon naturel et excellent berger; la séparation ne se fit pas sans pleurs de part et d'autre. |
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Mais pour obtenir que je marche, maman priait beaucoup la sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame de Bon Secours dont le sanctuaire se trouvait à Lablachère distant de treize kilomètres de Loriol; mais alors qu'elle promettait de faire un pèlerinage à la basilique de la Madone, comme mue par un ressort, je sautai de ses bras et courus à grandes enjambées. Henri aussi fut guéri des vers pour ne plus en souffrir. Bref ! notre mère chérie obtenait des miracles par ses confiantes supplications. Ce ne fut pas le dernier miracle ! Dès l'âge de six ans j'accompagnais nos chers parents au Sanctuaire de Notre-Dame, c'était vraiment un coin de Paradis; je le répétais tout haut en patois « moma o qué lou Parodi ». Chers et doux souvenirs de mon enfance, quelle consolation vous m'apportez ! Notre frère Adrien naquit en 1900 et ne vécut qu'un an; il mourut à la suite de convulsions. Je me rappelle encore la scène douloureuse de cette mort qui fit tellement de peine à nos chers parents, c'était pour eux la deuxième perte d'un enfant en bas âge. Pour moi, alors âgée de cinq ans, ce fut mon premier chagrin de voir ce gentil bébé se tordre de souffrances dans les bras de sa maman qui ne pouvait rien pour le soulager, le médecin le plus proche étant à Joyeuse, ville distante de neuf kilomètres environ. Enfin nous nous sommes tous soumis à la volonté de Dieu en pensant qu'au Ciel ces aimables petits innocents priaient pour la famille. |